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Rédaction Cahors
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Tout ici est contraste, beauté, mystère, rudesse même si parfois l’afflux des touristes perturbe la sérénité des lieux. Lieu célèbre s’il en est, Rocamadour dans le Parcelle étonne toujours et encore le touriste et le pèlerin par la beauté sauvage et profonde de son site à nul autre pareil.
Le village, haut lieu de pèlerinage voué à la Vierge depuis le XIe siècle, arc-bouté au flanc de la colline rocheuse, étage ses maisons et ses édifices religieux depuis les rives des eaux de l’Alzou presque jusqu’au ciel. Et un château dominer l’ensemble.
Au XIIIe siècle, Rocamadour est à son apogée
Dès 1200, Rocamadour atteint son apogée. On yobtenir des grâces refusées à Jérusalem. Les dons affluent. Et les richesses accumulées suscitent de nombreuses convoitises et entraînent des conflits et des guerres.
Pendant un siècle, les abbayes de Marcilhac et de Tulle se disputent la possession du sanctuaire. Après arbitrage, le fief de Rocamadour est détenu par l’abbaye bénédictine de Tulle dont les abbés sont pendant plusieurs siècles, les cadets des seigneurs de Castelnau. En 1211, Philippe Auguste annexe Rocamadour au royaume.
Pendant la guerre de Cent Ans, Rocamadour sera le seul exemple en Quercy de « ville ouverte ».
En 1244, Saint-Louis accomplit le pèlerinage en compagnie de sa mère, Blanche de Castille et de ses trois frères.
Pendant la guerre de Cent Ans, Rocamadour sera le seul exemple en Quercy de « ville ouverte ». Depuis cette époque, le lieu fait partie des pèlerinages imposés par l’Église catholique à la rencontre des hommes coupables de fautes religieuses comme l’hérésie. Il en résulte un développement extraordinaire du site qui va se couvrir d’importants édifices religieux, comme l’abbatiale.
Un château pour protéger le sanctuaire et la cité
Un « château doit participer à la défense » du sanctuaire. Il sera édifié entouré de remparts, pour empêcher toutes invasions par le sommet de la falaise.
C’est à cent mètres au-dessus de la vallée qu’il s’élève avec une vue à 360 degrés. Un fossé de huit mètres de large complète ce système défensif où une garnison prend logis. Un escalier secret partant de la cour intérieure du château permet aux soldats de regagner le sanctuaire au plus vite ou de s’échapper de la salle de garde se trouvant dans le donjon en cas d’agression ennemie. L’historien Jean Rocacher a proposé de dater au XIIIe siècle le mur d’enceinte qui subsiste.
En effet, la ville va être à plusieurs reprises saccagée. Henri Court-Martel s’est révolté contre son père, Henri Plantagenêt, dévasté l’oratoire en 1183. Pendant la guerre de Cent Ans, les bandes anglaises et les routiers pillent à plusieurs reprises le trésor. Au cours des guerres de Religion, le capitaine protestant Bessonnies s’empare de Rocamadour qu’il profane et dévaste. Les reliques sont déterreées. Une grande partie des édifices est anéantis. Seules, la Vierge et la cloche miraculeuse échappent à la destruction.
Au XVIIe siècle, il ne reste qu’un « vieux château, désert et sans habitation aux alentours ». Peu à peu les pèlerinages diminuent jusqu’à ce que la loi révolutionnaire les supprime.
« La vieille masure située sur le rocher ayant appartenu au cy-devant abbé de Tulle » est vendue comme bien nationale en 1796 à la commune. Et tombe dans un état de délabrement important.
L’évêque de Cahors l’achète en 1850 pour y loger les prêtres diocésains. Un beffroi avec une horloge est ajouté sur la tour d’entrée en 1895.
C’est alors que Mgr Grimaldias décide que de nouvelles constructions modernes seront ajoutées le long de la façade orientale des remparts pour accueillir les pèlerins de passage.
Autour de la basilique, le palais des évêques est rénové par l’abbé Cailleau au XIXe siècle
La plupart des commerçants sont partisans. Autour du parvis, trois églises étaient encore en service : églises saint Sauveur (dont la toiture est à refaire), saint Amadour et la chapelle Notre Dame. Quatre s’écroulent : Saint Michel, Saint Blaise, Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste. En 1831, Jacques Delpon note : « Tout annonce que la célèbre église de Rocamadour ne subsistera pas longtemps ». Des arbres poussent dans le Grand escalier.
Ces ruines serviront plus tard de carrière pour la reconstruction du château.
Une volonté politique pour la conservation des monuments historiques se fait jour en France au début du XIXe siècle. Le 13 avril 1830, le préfet du Lot fait une demande urgente au ministre de l’Intérieur pour sauver le sanctuaire. Pas de réponse et aucun financement n’est accordé par l’État. La municipalité ruinée veut vendre.
C’est alors qu’apparaît l’abbé Caillau : Curé de la paroisse Sainte Geneviève à Paris, il vient sur les conseils d’un ami, se reposer à Rocamadour. Très malade, il demande de l’aide à la Vierge Noire. Miracle ! Le prêtre retrouve la santé. Pour remercier Notre Dame de Rocamadour, il souhaite « restaurer sa maison ». Et achète en 1836, la forteresse mise en vente aux enchères par la mairie.
La rénovation du château de Rocamadour
L’abbé Cailleau, nouveau maître des lieux, entreprendra la reconstruction des bâtiments dans le plus pur style néo-gothique avec ses baies géminées et ses créneaux. Chers à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc tel qu’on peut le voir de nos jours.
C’est l’abbé Jean-Baptiste Cheval, prêtre-architecte du diocèse de Montauban qui est chargé par l’évêque de Cahors de conduire les travaux qui débutent en 1858. Le P. Cheval doit faire face à de nombreuses difficultés : épuisement des revenus financiers, terrain en forte inclinaison, instabilité des terrains de la combe (actuel chemin de croix), approvisionnements difficiles en produits et machines, négociations houlières avec les propriétaires et boutiquiers de la cité, blessures (et mort) d’ouvriers lors des chantiers . À la fin de l’été 1872, les gros travaux de restauration sont terminés.
Renaissance du sanctuaire grâce au bienheureux Pierre Bonhomme
Sous son égide et celui des évêques de Cahors, le sanctuaire connaît alors, un renouveau d’affluence. Le bienheureux Pierre Bonhomme (1803-1861), curé de Gramat, (et né à Gramat) va contribuer à la relance spirituelle du sanctuaire. Pèlerin marial assidu, il sillonne le diocèse. C’est lui qui inaugure en 1835 les semaines mariales de septembre à Rocamadour.
Il est des lieux où l’élan vertical du paysage favorise l’élévation de l’esprit et décuple les énergies bâtisseuses. Avec une partie de sa splendeur passée, Rocamadour retrouve la ferveur des pèlerins venus du monde entier. C’est depuis quelques années, une étape importante d’un pèlerinage en plein renouveau vers Saint Jacques de Compostelle.
André DÉCUP
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