À l’instar du Jeu de Paume, hôte parisien de son lancement officiel, le 19 décembre 2023, il est fort à parier que les lieux de diffusion de la photographie vont plébisciter le portail Iconos Photo. Conçu par la Société française de photographie, avec le soutien du département de la photographie du ministère de la Culture, il a mobilisé les compétences les plus pointues. Les différentes éditions du Parlement de la photographie en ont régulièrement témoigné lors de points d’étapes consacrés à ce vaste chantier.
Le résultat : un portail numérique – hébergé par Huma-Num (CNRS) et bénéficiant de l’expertise du laboratoire InVisu (CNRS/INHA) – qui répertorie l’ensemble des collections, fonds et archives photographiques conservés par des institutions et appartenant au domaine public, et, par là même, « valoriser la richesse de notre patrimoine photographique » se félicite Fannie Escoulen, cheffe du département de la photographie au ministère de la Culture. Une valorisation prenant la forme de « ressources essentiellement textuelles : références sur l’histoire de la photographie, glossaires, chronologies, bibliographies, informations concrètes et pratiques », précise Paul-Louis Roubert, président de la Société française de photographie.
Ce portail incarne « un vieux rêve de chercheur », souligne Eléonore Challine, maître de conférence en histoire de la photographie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et membre de la Société française de photographie : « Le premier projet de répertoire date de 1949. Le portail Iconos Photo, qui en reprend le nom, s’inscrit clairement dans une histoire des données de la photographie. C’est un vieux rêve car le portail prolonge et amplifie à l’ère du numérique cette idée d’un aiguillage ».
Croisement des données et aiguillage
Pour la première fois en effet, les données numérisées vont pouvoir être diffusées de manière croisée. « Il sera possible de croiser les collections et les archives et ainsi de rendre visibles non seulement les grands ensembles mais aussi les petites collections. ». Le portail Iconos Photo est principalement un répertoire d’auteurs. « On peut aller de la description de l’ensemble de la collection à la pièce même. La seule condition, c’est qu’il s’agisse d’une collection pérenne et patrimoniale, étant entendu que les institutions sont seules décisionnaires des informations qu’elles vont nous communiquer et en conservant la responsabilité. Nous travaillons pour une communauté, guidés par un esprit de bien commun », précise encore Eléonore Challine.
Démonstration grandeur nature avec la chercheuse en histoire de l’art Félicie Faizand de Maupeou, l’une des architectes du projet. Celle-ci montre « l’arborescence, directement inspirée du principe des recherches archivistiques », qui structure le portail, et met l’accent, à côté de l’entrée « Institutions », « porte d’accès principale », sur l’entrée « Avis d’intérêt » à travers laquelle « le dialogue va se créer ». « L’outil est pensé comme évolutif », assure-t-elle. À ce jour, 109 institutions ont déjà participé au projet. « A chaque fois, nous avons respecté le mode de classement des institutions et repris leur vocabulaire », précise la chercheuse.
Alors que 2024 s’annonce déjà comme une année rapide en matière de collecte de nouvelles données, nul doute qu’Iconos Photo va cocher toutes les cases : unir une communauté autour de la question des patrimoines photographiques, offrir une vitrine aux collections et stimuler la recherche en matière d’histoire de la photographie.
Tout savoir sur l’héritage d’un fonds photographique
Le vadémécum « Dons et jambes : que faire des fonds photographiques privés en France ? » est la dernière pierre du vaste édifice Iconos Photo. Autour de ce sujet sensible que constitue l’héritage d’un fonds photographique, son auteure Léa Miranda, a réalisé « de nombreux entretiens pour faire ressortir les sujets saillants ».
L’intégralité du contenu est ainsi organisée autour de questions pratiques. En témoigne un sommaire en trois parties : « Droit des fonds photographiques privés ; gestion et structures indépendantes d’accueil des fonds photographiques privés ; structures publiques d’accueil des fonds photographiques ».