Par Marie-Madeleine Remoleur
Publié le
10 mai 24 à 7h46
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Depuis plusieurs semaines, un voile blanc entoure la flèche du clocher de l’église Notre-Dame-des-Victoires, à Trouville-sur-Mer (Calvados). Derrière les échafaudages déployés autour de l’édifice construit au XIXe siècle, des travaux de haute tension sont menés par des artisans à pied d’œuvre pour lui rendre tout son éclat.
« Dans nos métiers, il faut être prêt à travailler sur des échafaudages à 30, 40 ou 50 mètres de haut », reconnait Tristan Gaillard, chef de chantier de l’entreprise Lefèvre spécialisé dans la restauration du patrimoine. Ces travaux représentant environ 5 millions d’euros il faut s’étaler sur 35 moissoit environ trois ans.
Vérifier l’état de chaque pierre
Surplombant la Reine des plages, l’église présentait un état de dégradation avancé. Un constat préoccupant qui a poussé l’équipe municipale à se mettre au chevet de son patrimoine et à lancer des travaux de restauration. Après plusieurs années d’études et de préparation du projet, les travaux ont commencé cet automne.
Les premières semaines ont été consacrées au montage de l’échafaudagejusqu’à 56 mètres de hauteur, avant le lancement des premiers travaux, en mars. Plus particulièrement une première phase consacrée à la restauration des couvertures et maçonneries de la flèche.
« L’appareilleur a commencé par faire un état sanitaire mondial des pierres qui sont étudiées une par une », explique Hugues Morisse, architecte du patrimoine de Lympia Architecture. Tout un travail nécessaire, permettant de se rendre compte de l’usure par le temps et l’humidité.
L’objectif : déterminer quelle pierre sera remplacée ou conservée. « Environ 15 % des pierres de l’édifice devrait être modifié », chiffre Tristan Gaillard, avant d’évoquer la suite des opérations :
On va bientôt attaquer la taille des pierres en atelier. Ensuite, nos équipes reviendront d’ici fin mai pour attaquer la pose sur le chantier. Une fois cette étape passée, on pourra s’attaquer aux finitions, au rejoindreoiement et à tout ce qui touche au raccord.
En parallèle à ce travail minutieux sur les pierres, d’autres corps de métier, comme les couvreurs et charpentiersont commencé à intervenir, comme en témoignent les anciennes pièces de bois de la charpente stocké au sein de l’échafaudage, attendant d’être remplacés. Cette charpente sera également restaurerainsi que la croix et le coqpartis dans des ateliers Gallis à Rouen.
Tout ce travail est assez impressionnant : il ya aussi l’intégralité des ardoises qui ont été retirées et qui seront remplacées par de l’ardoise de meilleure qualité et plus épaisse.
Un savoir-faire qui se transmet de génération en génération
En escalade une série d’escaliers métalliquesétage après étage, l’importance de ces travaux de restauration sauter parfois aux yeux. « En prenant de la hauteur, on ne peut que se rendre compte du mauvais état des couvertures et des maçonneries », souligne l’architecte du patrimoine, pointant le toit de l’église.
À plus de 40 mètres de hauteur, les ouvriers se relataient sur ce chantier vertigineux.
En ce moment, ce sont surtout trois entreprises, qui sont toutes normandes : Les Métiers du Bois, Lefèvre et Gallis. L’édifice n’est pas protégé, mais la Ville a fait le choix de prendre des entreprises avec des exigences, comme si l’édifice était protégé.
Empruntant parfois les mêmes gestes que ceux des bâtisseurs d’il ya plusieurs siècles, ces artisans sont au chevet de l’égliseactuellement au niveau du fût, pour lui redonner toute sa splendeur d’antan. « Ce sont des métiers qui demandent une minute et un savoir-faire qui se transmet de génération en génération », précise Tristan Gaillard.
Rendre à l’église sa silhouette d’origine
En s’attaquant au clos et couvertaux façades ou encore la restauration des vitraux et de la couverture, l’objectif de cette restauration est aussi de lui redonner tout son éclat et lui permettre de retrouver « une silhouette beaucoup plus élancée ».
Dans cette logique, par exemple, la demi-rose qui avait été endommagé par une tempête en 1987 et démolie fera son retour sur la façade principale de l’église. Elle sera réalisée comme à l’origine. De même, des ornements qui avait été revêtements de ciment seront restitués en pierre de taille, comme ils l’étaient à l’origine.
Dans les années 1980, il y a eu des travaux qui ont été menés pour restaurer la flèche. À ce moment-là, un couronnement en ciment avait été réalisé. On voit que c’est quelque chose qui aujourd’hui ne fonctionne pas car sur une partie en pierre, une autre en ciment, et ça s’est scindé. L’objectif c’est, par rapport à des photographies anciennes qui ont été retrouvées, d’avoir le dessin le plus fidèle et le plus proche du couronnement d’origine. Tout ce travail va permettre de redonner une ligne et son apparence à l’église qu’on voit depuis Deauville.
Plusieurs phases de travaux
La phase 2 portera sur la restauration de la couverture et des parties hautes de l’église (nefs et transepts). La phase 3 sera consacrée à la restauration de l’escalier de l’entrée de l’église, des portes et de la demi-rose. Enfin, la phase 4 permettra de s’attaquer aux parties basses. Concernant la restauration des vitraux, Hugues Morisse précise : « Cela commencea dès la restauration de la partie haute. Les vitraux vont être étudiés par un maître verrier avant d’être restaurés ».
Environ trois ans de travaux seront nécessaires à la restauration complète de l’édifice. « Pendant tout ce temps-là, l’église reste ouverte au public », précise l’architecte.
La première phase de ce grand chantier devrait s’achever fin septembre, autour du week-end consacré aux journées traditionnelles européennes du patrimoine.
L’occasion pour l’équipe qui travaille sur cette restauration d’organiser un événement pour marquer la fin de cette première phase. D’autant que ces travaux ont bénéficié du soutien du Loto du Patrimoine.
« C’est une date importante car c’est à travers la France et l’Europe qu’on célèbre le patrimoine et la restauration, conclut Hugues Morisse. En va marquer le coup avec cet édificeen découvrant notamment la flèche de l’église à ce moment-là ».
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